samedi 27 novembre 2010

L'île réelle, l'île rêvée. De Montréal à Anticosti...

Anticosti, l''île rêvée.
Les flocons tombent plus doucement. Les choses sont bordées de blanc. J'entreprends l'écriture de ce billet devant la baie vitrée de mon salon. C'est samedi. D'une île à l'autre, j'écris.
Et un peu à la manière de Dany Laferrière, je dirais qu'il y a l'île réelle et l'île rêvée. Il y a l'île de Montréal et il y a l'île d'Anticosti.
Il fait présence, ce Dany, quand même, hein?! C'est fou, cette puissance d'évocation...?
Écrire c'est surgir doucement.

Je dédie ce billet à Antoine, libraire formidouble

J'ai donc, écrit à Marlène-de-l'île-d'Anticosti comme je revenais du Kouign-Aman. C'est drôle comme être exposée en vitrine peut me faire sortir de mes gonds d'écriture. Je ne sais pas à quoi ça tient. Être en vitrine, voir les gens passer dans la rue, le doux brouhaha de l'échoppe en arrière qui vous fabrique des croissants à faire saliver tout un régiment enrégimé, lire un bon livre devant un grand café au lait, discuter de la saison de hockey avec le premier voisin venu, échanger deux mots avec Keeth sur les vieux tubes français de France qu'il fredonne toujours... Va savoir à quoi ça tient. Je n'en sais foutre rien. Ça arrive. Je m'attable devant les vitres du café vers les 7 heures du matin et vling, comme une éruption (mot proche d'un autre, notez bien) ça me vient, ça me pousse dans l'avant bras. Il faut alors que je quitte. C'est plus fort que moi. Je fonce, même, car j'ai des phrases qui me viennent par grappes. Alors je me les ressasse à grandes enjambées jusqu'au coin de ma rue. Je grimpe quatre à quatre les escaliers et je me jette sur la table en bois avec tout mon attirail.

J'arrange mon matériel. Je le dispose. Et en le disposant, les choses se placent tranquillement. Le choix du papier. Sortir l'encre bleue pétant. Bleue comme l'eau qui entoure l'île. Qu'elle soit réelle, qu'elle soit rêvée. Et je me dit Anticosti, comme on crie Terre, Terre, capitaine ô mon capitaine! Alors le poignet régurgite les phrases ressassées. Parfois le poignet dérape sous le coup de l'impulsion. Capitaine Crochet fait des pâtés. Scrouiccchhhh... une feuille... Scrouiccchhhh... une autre. Mais là, non. D'une traite, la feuille de papier zaponnais.
Et là, maintenant, qu'elle est écrite, l'idée du voyage qu'elle va faire. Des mains multiples qui vont la jauger. Va-t-elle se faire refuser le passage parce qu'elle ne respecte pas les normes? Ca m'est déjà arrivé de devoir argumenter avec le Maître-Poste qui voulait, tenez-vous bien, décoller mon timbre afin de le placer à l'endroit désigné par le code des postes!! Groumpff...
J'imagine les envolées d'Oiseaux, le vent sur la grêve qui balaie le sable ou les galets, les longues herbes d'été au-delà des dunes, le cri d'un animal inconnu qui appelle sa dulciné, les lueurs du Port Menier qui scintille au loin quand on est "en mer"... en mer... Écrire cette lettre me transporte. Toutes acceptions du terme confondues. J'ai des transports, comme des élans. Je me sens ici et en même temps ailleurs. Je suis dans l'entre-deux. Entre réel et rêve, au-dessus de la page qui était vide tout à l'heure. Une lettre bleu-de-mer comme un boeing dans le tourbillon de nos vies.


2 commentaires:

  1. oh que j'aime te lire. oui, tu te transportes en écrivant mais tu me fais voyager aussi. c'est bon de voyager à tes côtés! j'aime l'énergie que tu dégages dans ces écrits. encore, encore

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  2. Merci, ça me fait tout drôle de vous lire, du bout du monde. Nous ne sommes pas seuls, des balises, au loin...

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