vendredi 24 décembre 2010

mercredi 22 décembre 2010

Lettre à Grand-Mère (une histoire brodée de toutes pièces)

L'inconnue de Grand-Mère habite près de la rivière St-Maurice
La grand-mère est une figure centrale de l'enfance. L'une des deux miennes était culottière à Hérisson. Germaine Auclair. Elle cousait les pantalons que Monsieur Vénuat, tailleur du village, lui commandait. Puis, pour combler le temps et étancher sa foi, ma grand-mère était bonne du curé. Ma grand-mère et son mari habitaient rue de l'Enfer. Vous liriez ceci dans un roman que vous pousseriez des Ho et des Han réprobateurs. C'est pourquoi il est bien plus jouissif, parfois, de raconter sa vie que d'en inventer une. Préférable, alors, de fabriquer une vie d'inventions, une vraie vie, aussi réelle qu'inventée. Mes souvenirs de ma grand-mère sont presque toujours reliés à sa machine à coudre Singer qu'elle actionnait avec autant d'application, de force que de frénésie et d'entrain. Les pièces qu'elle confectionnait avaient toute une histoire : Un mariage, un baptème, un enterrement et autour de ces évenements, des gens, des familles, des anecdotes parfois chuchottées en messes basses dans la grande pièce que nous appelions le taudis. Je me mettais alors dans un coin et je l'écoutais. Lorsqu'elle avait terminé de tailler une pièce de tissus j'avais le droit de récupérer certains morceaux. Enfin, lorsqu'elle passait à la planche à repasser j'étais autorisée à monter sur son petit banc de couturière et de m'affubler avec les ramendos de tissus en m'époumonant une histoire de princesse ou de maitresse d'école selon l'humeur et l'inspiration du moment. Lorsqu'il s'agissait d'être une princesse je terminait en fonçant au château. Je montais la pente caillouteuse en tenant mes nippes à deux mains. Là, dans les ruines merveilleuses j'achevais l'épopée près du coffre aux trésors. Je cachais un morceaux de ma parure en formant un voeu magique. C'est cet univers que je vais retrouver les 7, 8 et 9 janvier lors de mon passage à Hérisson dans l'allier au centre exact de la France. C'est cet univers que je porte en moi lorsque mes doigts composent et alignent des mots en phrases. Alors c'est franchement bien évident : L'inconnue que j'ai choisi habite Grand-Mère près de Shawinigan. Et par fidèlité à mes débuts dans ce projet insensé, l'inconnue de Grand-Mère habite au bord de l'eau, près du pont de Grand-Mère qui enjambe la rivière Saint-Maurice. Lettre (à Carmen) suit...

samedi 11 décembre 2010

Alice, Thérèse et Agnès



Bizard, vous avez dit Île-Bizard, tiens comme c'est Isabelle_Bizarre...
Des petits graviers partout dans les rues et moi qui continue mes envois.
Alice, Thérèse et Agnès, habitent dans un centre d'hébergement situé près du pont qui relie l'île Bizard à l'Île de Montréal. Comment je le sais? GoogleMap, évidemment!

J'écris et je me fous dans l'écriture. Et si ce que j'écris plait, alors je surgis, là, sous des yeux. J'ai les bras tendus.









Toute la série d'images :
http://monrealparlaposte.blogspot.com/p/en-images.html

zazA

samedi 27 novembre 2010

L'île réelle, l'île rêvée. De Montréal à Anticosti...

Anticosti, l''île rêvée.
Les flocons tombent plus doucement. Les choses sont bordées de blanc. J'entreprends l'écriture de ce billet devant la baie vitrée de mon salon. C'est samedi. D'une île à l'autre, j'écris.
Et un peu à la manière de Dany Laferrière, je dirais qu'il y a l'île réelle et l'île rêvée. Il y a l'île de Montréal et il y a l'île d'Anticosti.
Il fait présence, ce Dany, quand même, hein?! C'est fou, cette puissance d'évocation...?
Écrire c'est surgir doucement.

Je dédie ce billet à Antoine, libraire formidouble

J'ai donc, écrit à Marlène-de-l'île-d'Anticosti comme je revenais du Kouign-Aman. C'est drôle comme être exposée en vitrine peut me faire sortir de mes gonds d'écriture. Je ne sais pas à quoi ça tient. Être en vitrine, voir les gens passer dans la rue, le doux brouhaha de l'échoppe en arrière qui vous fabrique des croissants à faire saliver tout un régiment enrégimé, lire un bon livre devant un grand café au lait, discuter de la saison de hockey avec le premier voisin venu, échanger deux mots avec Keeth sur les vieux tubes français de France qu'il fredonne toujours... Va savoir à quoi ça tient. Je n'en sais foutre rien. Ça arrive. Je m'attable devant les vitres du café vers les 7 heures du matin et vling, comme une éruption (mot proche d'un autre, notez bien) ça me vient, ça me pousse dans l'avant bras. Il faut alors que je quitte. C'est plus fort que moi. Je fonce, même, car j'ai des phrases qui me viennent par grappes. Alors je me les ressasse à grandes enjambées jusqu'au coin de ma rue. Je grimpe quatre à quatre les escaliers et je me jette sur la table en bois avec tout mon attirail.

J'arrange mon matériel. Je le dispose. Et en le disposant, les choses se placent tranquillement. Le choix du papier. Sortir l'encre bleue pétant. Bleue comme l'eau qui entoure l'île. Qu'elle soit réelle, qu'elle soit rêvée. Et je me dit Anticosti, comme on crie Terre, Terre, capitaine ô mon capitaine! Alors le poignet régurgite les phrases ressassées. Parfois le poignet dérape sous le coup de l'impulsion. Capitaine Crochet fait des pâtés. Scrouiccchhhh... une feuille... Scrouiccchhhh... une autre. Mais là, non. D'une traite, la feuille de papier zaponnais.
Et là, maintenant, qu'elle est écrite, l'idée du voyage qu'elle va faire. Des mains multiples qui vont la jauger. Va-t-elle se faire refuser le passage parce qu'elle ne respecte pas les normes? Ca m'est déjà arrivé de devoir argumenter avec le Maître-Poste qui voulait, tenez-vous bien, décoller mon timbre afin de le placer à l'endroit désigné par le code des postes!! Groumpff...
J'imagine les envolées d'Oiseaux, le vent sur la grêve qui balaie le sable ou les galets, les longues herbes d'été au-delà des dunes, le cri d'un animal inconnu qui appelle sa dulciné, les lueurs du Port Menier qui scintille au loin quand on est "en mer"... en mer... Écrire cette lettre me transporte. Toutes acceptions du terme confondues. J'ai des transports, comme des élans. Je me sens ici et en même temps ailleurs. Je suis dans l'entre-deux. Entre réel et rêve, au-dessus de la page qui était vide tout à l'heure. Une lettre bleu-de-mer comme un boeing dans le tourbillon de nos vies.


lundi 22 novembre 2010

Quand l'oiseau est couturier, les enveloppes se volatisent

En Namibie, au Cap, Au Kenya, près du Kilimandjaro, l'extraordinaire Oiseau Tisserand (Philetiarus socius) qui est un genre de pinson, suspend ses nids de paille aux branches des arbres.  Il tisse minutieusement son habitat. De tous les oiseaux, il est le plus rafiné. À part l'homme, il est le seul animal à sang chaud à savoir tisser. Avec une patience lémurienne, dans un ballet époustoufflant de battement d'ailes et de cliquetis de coups de bec, il ravaude son nid. Le moineau tisserand d'Afrique tisse son nid d'appartements-maison dans lesquels on trouve 100 à 300 chambres de formes sphériques par en-dedans, chambres-flacons que Louise Bourgeois adorerait certainement. Le tisserand est le plus sociable des oiseaux. Ils construisent en gang pour mieux se protéger des prédateurs.
Ce n'est pas de ma faute, je suis née comme ça.
Ce sont les mâles qui construisent les nids, mais ceux-ci sont des leures pour attirer sa dulcinée. De l'excellence de son tissage dépend son succès auprès de sa comparse. Lorsqu'il tisse, l'oiseau tisserand est pris d'une joie épormyable. Même qu'il bombe le torse à la fin, fier du travail accompli. Tout à son bonheur de coudre sa vie future, il ne sait pas ce qui l'attend.
En effet, Dame Tisserand fait le tour du propriétaire et inspecte la finition, l'état de l'arbre, la qualité des matériaux, leur résistance... "Oh mais il y a trop de vent", semble-t-elle dire encore... Sa tâche à elle est d'être difficile. Les oiseaux tisserand s'établissent de préférence près de l'eau (!) car il s'y trouvent toutes sortes de matériaux pour le tissage de leur nid.
"Vous voyez la beauté de l'ordinaire. Conservez ce talent."
Bon, finalement je n'y tenais plus. J'y ai consacré deux petites heures supplémentaires. L'idée du sac contenant les trois graines de poivres roses ne me satisfaisait pas entièrement. Comme j'aime les phrases que l'on trouve dans les biscuits chinois, j'ai commencé par faire un premier tri de ma collec', puis un sous tri, ect... Ensuite, l'association graine et petit pois (motif que j'affectionne tout particulièrement) s'est faite en un clin d'oeil.
Occupée en ce moment à rédiger ce billet, je m'aperçois, Ô drôle de coïncidence et méandre de l'inconscient, que cette lettre pour Marlène partira pour... l'ïle d'Anticosti. Lieu sauvage par excellence, la nature y est somptueuse, rebelle, folle. Enfin, dans mon imaginaire elle est comme ça. Lequel n'est jamais si loin d'une réalité. Que ce doit être beau, le passage des oiseaux sur l'ïle d'Anticosti...
Ainsi donc la confection de cette prochaine lettre aura pris un temps fou, un temps d'oiseau. Il va falloir maintenant que je prenne un morceau de ma vie pour le coudre-rédiger. Puis penser à l'enveloppe. Au rythme de la confection de cet envoi, j'aurais terminé la lettre pour Marlène d'ici la fin de semaine prochaine!
Ensuite, oh ensuite, il s'agit décrire vers l'Île-Bizard. Alors, au fait.... vous qui me suivez....qui de Alice, Agnès ou Thérèse ai-je choisi pour mon prochain envoi? Suspens... quand tu nous tiens...

Écrire est un jeu d'adresse

dimanche 21 novembre 2010

Rrose Sémavy

Désormais des graines de poivre rose signeront mes envois.
Si l'on me connait on saura que, derrière ce titre, se cache mon amour inconditionnel pour Marcel. Ça ne pouvait pas mieux tomber avec toutes ces histoires de graines montées en poivre devenu Rose pour les bienfaits d'une idée... directrice...(humpf) Voici donc les nouvelles neuves : Je m'étais promis une récompense au terme d'une réécriture de dépôt. Sauf que les méandres de la pensée qui s'écrit en ont voulu autrement. Je n'ai écrit qu'un seul tout petit paragraphe au terme d'une semaine acharnée. Mais si au moins ce paragraphe était bon... Du coup, je n'ai pas fait le grand tralala qui mène à l'envoi complet d'une lettre à la prochaine inconnue. En revanche, je me suis octroyée une petite sortie (que j'ai trouvé encore trop grande tellement la rédaction du dépôt n'avançait pas). Je suis allée au Chaînon, ce magasin de friperie bazar, dont les profits vont à un centre d'hébergement pour femmes. Là, j'ai chiné deux ou trois bricoles, puis je suis allée chercher du papier zaponnais. Au retour, je me suis replongée dans le dépôt, pleine de honte par l'escapade. Mais bon. On est un être humain ou on ne l'est pas.
Enfin.... Au terme de trois bonnes heures d'écriture, j'ai fermé ma boutique Universitante et voilà... je me suis attablée avec tout mon attirail postal, un grain de folie en tête. L'idée de Patsy faisait son chemin... Comme on peut le voir, j'ai pris quelques clichés après un élan couturier digne de ma grand-mère Marguerite. Une fois devant la lucarne et devant le titre à inscrire, je pensais... Rose... Rose... Rrrrose  et à la vie qui va. C'est ainsi que Duchamp me fit signe (cf. Duchamp du signe, pour ceux que ça intéresse). Et puisque c'est de ma vie, dont il s'agit... Rrose Sémavy. Il ne manquerait plus que j'écoute Bireli Lagrene, mais là, j'ai peur d'en perdre quelques-uns dans les méandres de mon pauvre esprit encombré et cahotique (un petit camion avec des hommes en blouse blanche m'attendrait-il en bas que je n'en serait pas surprise).
Un petit Merlot!
De toutes façon j'ai un fond de Merlot fort gouteux qui m'attend s'il fallait que je tente d'oublier toutes mes salades. À la votre, à l'amour et à la création littéraire!

Zed

Aveu

Oui, c'est vrai, je l'avoue... je commets des lettres en séries et j'aime ça.

samedi 20 novembre 2010

Mettre du piquant

Patsy a raison. Il faut que j'aille dans le sens de cette espèce de réponse idiote qui m'est arrivée. Quand je lui ai raconté le coup d'Isabelle Chose-Révolution, elle était crampée, toute ratatinée de rires épormyables : zazA, désormais, tu vas vraiment mettre trois graines pour de vrai, qu'elle me dit tout à trac. On a donc, tergiversé, elle et moi. Le poivre... boah...  ce n'est pas très agréable... sauf... sauf.. sauf, s'il est rose. Et comme c'est la couleur préférée de ma directrice de mémoire, adopté! Désormais, trois graines de poivre rose, signeront mes envois.

Envoyez de la joie

Plongée dans la seconde mouture de mon dépôt de projet de maîtrise, je me suis donnée pour récompense -si je parviens à une version acceptable ce soir, de passer la journée de dimanche à écrire une nouvelle lettre à une nouvelle inconnue. Cette inconnue, si vous me suivez attentivement, vous la découvrirez et sa lettre aussi, ici même.
Envoyez de la joie
Il s'agit de coller au mieux au slogan de Postes Canada "Envoyez de la joie". Et je braverai l'ignorance qui rejette, la peur qui inquiète, la solitude qui morcelle, je braverai tout cela, oui. Car je crois foncièrement, que recevoir une lettre, autant que l'écrire est une bonne chose qui tend à disparaitre. Depuis que j'ai appris que les boites à lettres, tant au Canada, qu'en France, disparaissent à cause de la modernisation de notre société, je suis triste et redouble d'ardeur pour mon projet d'envoi de lettres à des inconnuEs. La première rebuffade me titille même pour passer à l'échelle de 1.000 lettres. Sauf, que si j'y vais à coup de timbre à 2 dollars, c'est un peu fou et un peu cher payé pour se faire envoyer Sûrement au Québec (message non subliminal)... Sans compter le papier zaponnais. Mais puisque je ne peux rien faire sans y mettre un peu de coeur à l'ouvrage, je vais malgré tout continuer à choisir mes timbres, mon papier, mon encre, mes mots... Au bout du recul que j'ai pris, je réaffirme, ici, mon désir d'écrire à des inconnues, parce que c'est ce que je ressens en moi : le goût d'aller vers l'autre, de m'adresser à lui, comme si je lui envoyais la main de l'autre bout du trottoir. Eh oh, semble dire mes lettres, nous existons, toi et moi. Et ma foi, si c'est une rebuffade, un refus, une ignorance qui m'est répondue, je passerai à l'inconnue suivante. Je veux briser la solitude, chercher à établir un contact humaniste en sortant des sentiers électroniques masqués de notre écran total et cybernétique. Je veux, de ma main, témoigner de mon existence mais aussi et surtout de celle de l'Autre.

zazA, travailleuse du texte est enveloppée timbrée.

vendredi 19 novembre 2010

Éthymologie d'une expression

Ce n'est pas tous les jours qu'il nous est offert un regard sur le néant de l'humain, lequel nous offre la source éthymologique de l'expression populaire "avoir un grain"...
Je t'écris de la part de ma fille Isabelle B        de Métis-sur-mer à qui tu as envoyé un fragment de ta vie. Elle a trouvé cela très bizarre, elle a eu peur des graines noires qui étaient dans l'enveloppe pour sa sécurité et celle de ses 3 enfants. Elle a donc averti la Sûreté du Québec. Elle ne veut plus que son nom paraisse sur ton blog. Merci de ta coopération.

Bien évidemment je n'ai aucune espèce d'idée de ce que ces "graines noires" venaient faire dans le décors. Sortent-elles tout droit de l'imagination? Sont-elles la création d'un esprit qui s'ennuie et qui veut en rajouter? Je n'en sais fichtre rien. Je suis la première estomaquée par cette réaction, que je qualifie d'extrême.  Extrême comme à Hérouville oû la peur de l'inconnu fait imaginer mille bizarreries au monde.  Estomaquée par l'ampleur de la peur face à une toute petite chose, si simple, si dénuée de malice : une lettre manuscrite. Une lettre sans aucune volonté autre que de faire un signe d'être humain à être humain. Dans les circonstances, la réaction est au mieux la traduction d'une ignorance profonde de l'existence du monde réel qui l'entoure et qui existe malgré elle, au pire, l'expression d'une société névrosée.

Eh bien, continuons. Et même poursuivons l'Oeuvre. Qui sait, un jour arrivée sur le plateau de Tout le monde en parle, il s'agira de rigoler de ça aussi. Mais alors, qu'on ne vienne pas me demander de partager mon artiste gâteau. Ce sera trop tard. Faut pas charrier non plus. L'artiste dans l'histoire, c'est moi. Or donc, c'est vrai, c'est confirmé, livre et exposition muséale en vue. J'imagine déjà, 30 décennies plus tard, des personnes voulant revendiquer : "Oh moi vous savez j'étais la première personne à qui cette artiste a écrit!!! Si si je vous jure.... tenez regardez..." Euh non. Désolée. Il y a hors jeu. Au suivant, next, disent les polonais.Des personnes qui vont se régaler de recevoir mes fragments il y en a des zilliards, si j'en juge la réaction autour de moi. So, rendez-vous au musée, dans une librairie, sur un plateau de télévision.... Je compte bien poursuivre mon oeuvre, surprenante et humaniste.

J'ai, d'ailleurs, les magnifiques timbres de Noël. Je me dis qu'une personne agée vivant seule dans un centre d'hébergement adorera recevoir cette petite gaité venue d'ailleurs et par surprise. Gageons. Gageons que tout le monde n'est pas si obtu, fermé, ignare et sectaire. Allons, des personnes vives, ouvertes sur le monde et la différence fleurissent nos régions. Allons vers elles, donc.

mercredi 17 novembre 2010

dimanche 14 novembre 2010

La lettre à l'inconnue de L'Île-Bizard ou Comment je déniche mes inconnues

Bon, ça y'est.  J'ai décidé de livrer ici mes petits secrets. Ce matin, quelques heures avant d'aller rencontrer Dany Laferrière, l'écrivain qui n'écrit que pour moi, zazA (voir photo), j'ai décidé de contrer le blues du refus de l'institution par a) une soupe de courges (adhoc) b) en chinant ma 4e inconnue. La soupe de courge musquée à la pomme et à la coriandre figure en bonne place dans ma page socialisante (FB). Quant à ma recette de dénichage d'inconnues, voici. Comme c'est un long processus, qui mélange une part de coïncidences, une part de crème de jugeotte, une part de choix sélectif hasardeux, je vais tenter d'en faire, ici, un relevé le plus fidèle possible. Ce carnet me sert de mémoire. Il s'agit de garder la trace des mouvements que fait ma caboche au moment de créer. Or, je dois saisir la chose et me connaissant (ça part dans tous les sens, en même temps et sans crier gare, pourtant je suis le chef...) je dois me mettre sous surveillance accrue. Voici.
De un, j'ai tergiversé.... "Alors cette fois-ci, Belette, tu t'adresses au lointain ou au proche?" Quelques minutes à peine m'ont suffit pour décider du proche. Après trois lettres envoyées au loin, j'avais envie de faire coïncider le proche avec le proche et de me faire aller le coco chaque fois que je marcherais dans Montréal ("Et si c'était elle... cette femme qui rit là-bas avec ses copines?"). J'ai alors pris mon propre code postal dans la recherche avancée de Postes Tagada. J'ai fait le tour de l'alphabet pour le Prénom commence par a, commence par b... et ainsi de suite. Évidemment, j'ai trouvé des voisines très voisines. Je me suis dit que c'était vraiment trop. Il aurait fallu que j'en trouve une dont le numéro était impair (le mien étant pair), histoire de mettre un peu, un tout petit peu, de frontière entre nous, un filet de goudron au moins... mais non, pas de prénom féminin sur le coté impair de mon carré de rues.
C'est alors que m'est revenu mon goût pour la présence de l'eau, d'un lac, du fleuve surtout. J'ai donc pris le moteur de recherche Google-est-mon-ami. J'ai rentré Montréal, berges. Ensuite, j'ai dû choisir entre quartier défavorisé, quartier fricos. Contre toute attente, j'ai choisi Fricos. C'est surtout que le nom de L'Île-Bizard (sur laquelle je me suis déjà promenée) m'a fait de l'oeil. Bizard, vous avez dit... Bizard, tiens comme c'est bizard mon cher cousin (détournement de réplique). Après ça, j'ai cherché le site de la mairie d'arrondissement, section Nous joindre. Je pique le code postal et dans la recherche avancée je me tape toutes les lettres de l'alphabet dans la zone Prénom. Pour me rendre compte que la mairie est située sur Ste-Geneviève, c'est-à-dire la rive en face de l'Ïle-Bizard. Je retourne au site de la mairie. Je cherche la carte de l'arrondissement. Je zoome sur les rues de l'Île Bizard. Je note le nom de quelques artères qui me semblent principales.
Par Google-Map, autre copain, je zoome sur les bouts de quartiers pour m'assurer que le fleuve n'est pas loin. Les deux premières tentatives n'ont rien donné. Je tombe sur l'adresse du CLSC, un centre d'hébergement, un truc du genre. Je me suis dit que ça devait sûrement être un peu plus populeux (L'Île n'a pas une grande densité d'habitants au km2). Bref, je repère le code postal du centre en question. Et rebelotte, la lettre a... de Postes Tagada et là c'est le gros bingo. Trois femmes. Toutes à la même adresse. Alors là, je me dit, bon, qu'est-ce que c'est que cette histoire...
Comme Postes Tagada te donne un petit plan de quartier à droite avec l'option vue aérienne façon Big Brother Sister.... je me rend compte que c'est tout un grand bâtiment, pas loin du fleuve.
J'insère ici la vue "Bird's eye"... eh eh... C'est le centre d'hébergement. Moi, qui pensait fricos (en faisant une moue intérieure), je suis vernie. Alors... Alice, Agnès ou Thérèse?
Vous le saurez prochainement en suivant mes folles aventures épistolières... mais moi, j'ai déjà choisi.
J'espère seulement qu'il n'y a pas de numéro d'appartement et que le courrier ne me reviendrait pas... Ce sont là, les risques de mon métier d'écriture. Et comme le dit si bien Dany, "J'écris, et si vous aimez ce que j'ai écrit, j'apparais" C'est exactement ce que je veux faire, écrire pour apparaître.
Alors... Alice, Agnès ou Thérèse...?

samedi 13 novembre 2010

Lettre à Évelyne de Natashquan

Je venais d'apprendre que mon projet de maitrise avait été refusé par le comité. J'ai pleuré. J'ai tellement travaillé sur ce truc qui n'est qu'un exercice institutionnel et n'a rien à voir avec la création... Je n'en suis toujours pas revenue. Je tergiverse encore de savoir si je laisse ces grands savants ou si je continue. J'avais besoin de faire le vide et de me mettre les mains dans la création. L'inconnue de Natashquan attendait sagement. J'ai donc décidé de lui consacrer ma journée et de lui offrir ce fragment de ma vie. Mon garçon qui me serre dans ses bras parce que j'ai un chagrin monstre. Offrir l'offrande.
Voir les nouvelles photos en cliquant sur l'onglet "En images..."

mardi 9 novembre 2010

L'inconnue de L'île d'Anticosti

La troisième lettre partira vers l'Ile d'Anticosti. Au milieu du fleuve. Marlène. Elle s'appelle Marlène.
Fleuve, pour le moment, c'est un roman fleuve. Un roman épistolaire, mais fleuve, emporté, plein de bourrasques, de vent levé, de flux et de reflux, de jetée, de grève, de sable dans ma mécanique. Je me les roule. Je trippe à mort. Hier rien et ce soir, je m'endors entre Les Boules, Natashquan et Anticosti. Maintenant il y a des Isabelle, Évelyne et Marlène qui existent concrètement pour moi. Et bientôt, l'inverse sera vrai. Je suis dans l'entre-deux de nos existences respectives. Furieusement jouissif.

L'inconnue de Natashquan

Voilà, ça y'est. Je viens de poster la lettre à Isabelle B. à Métis-sur-Mer (Les Boules). Georges, le postier a bien voulu mettre une belle oblitération sur l'enveloppe. Avant, je me suis procuré de la colle à papier japonnais sur Fairmount. J'ai collé des fragments de mots tirés de journaux (allez voir mes photos dans l'onglet adhoc).


Après ça, je n'ai pas cessé d'y penser. De penser ce que j'allais faire ensuite. Si j'allais alterner entre le lointain et le proche. Finalement, c'est le lointain qui m'attire encore. Fantasme géographique encore. La route 138. Le boutt' du boutt'. Natashquan. Au tout début de mes recherches, par l'outil de recherche avancé de Postes Canada, allié à GoogleMap, j'avais trouvé une femme sur la réserve Innue. Mais en poussant mes recherches, il s'est avéré que cette femme ne parlait pas français. Ç'aurait été génial si sa langue avait été le français. Elle a eu 14 enfants mais n'est allée que 2 fois à l'hopital. Pour les 12 autres elle a accouché en forêt. Il faut dire que les montagnais ne sont sédentaires que depuis une quarantaine d'années...

J'ai donc décidé de sélectionner d'abord la rue (hors réserve), puis le prénom féminin, enfin de rafiner (par le gros zoom on voit les numéro civique par satellite). Je voulais écrire à une femme 'un qui habitait le plus proche du fleuve possible. Voilà. C'est fait. Évelyne... est ma deuxième inconnue à qui écrire. Sauf que là, je vais laisser la pâte à écrire reposer. J'ai le goût de rêver, d'imaginer, de désirer cette autre lettre. Mais avant il me faut laisser aller la première pour qui j'ai mille et une questions
imaginées...

Quand même, c'est fou cette aventure... En plus, je suis capable avec la technologie de voir par satellite, l'endroit oû arrivera la deuxième lettre. 44, rue du Moulin à Natashquan... Évelyne. Flûte, elle en a de la chance... un gros bosquet d'arbres et derrière le fleuve, large et salé. Bon, c'est sûr, elle doit pas voir passer Johnny Guétare tous les jours, mais bon... si elle est bien entourée.... Ouais, n'empêche, recevoir une lettre de Montréal... Là, au beau milieu de cette nature!.... Ça me remue.

lundi 8 novembre 2010

Au début était une... révolution.

Aujourd'hui je commence un truc.
J'écris à des inconnus, choisis plus ou moins au hasard. J'ai dans l'idée, en commençant, que mes destinataires seront des femmes. Ensuite, je choisis des endroits soit parce qu'ils sont attirants et lointain, soit parce qu'ils sont proches, très proches. Dans tous les cas, cela va susciter du désir.

Dans le cas du lointain, le désir de voir, l'endroit ou la personne, le mien de désir, mais aussi le désir que l'autre peut avoir pour ce que je représente de lointain pour elle. Dans le cas du proche, le titillement de se dire que l'on s'est peut-être déjà croisé ou qu'on se croisera potentiellement, c'est tout de même une confrontation avec l'inconnu et le proche en même temps. Je veux écrire à chaque lettre, un fragment de mon réel. Un morceau de journal envoyé en lettre vers l'inconnue choisie. J'ai choisis ma première correspondante d'abord par la ville : Les Boules (Métis-sur-Mer). Je fantasme sur ce village depuis plusieurs années. Plus ou moins au hasard j'ai trouvé un code postal (en cherchant une caisse pop dans cette ville.) Puis, par un système de recherche avancée et spécifique, j'ai entré ledit code postal avec un prénom : Isabelle. J'ai trouvé Isabelle B.

Il se trouve qu'elle habite sur une route au bord de mer. Ce doit être assez épormyable. Je me suis dit qu'une femme apparaissant dans l'annuaire à son nom était peut-être cheffe de famille, seule, séparée... faudra voir, mais c'est intéressant. Ce matin, vers 5h j'ai fait une ballade et des choses me sont venues que je vais adresser à cette Isabelle Révolution.

Je pense m'arrêter à 100 lettres. Faudra voir. Je ne sais pas oû je vais avec ça, mais j'y vais. Je vais garder des traces de tous mes envois, de la composition de la lettre écrite à la main, en passant par la composition de l'enveloppe et du timbre choisi et l'agencement esthétique de l'envoi avec l'adresse et l'oblitération avec une flamme philatélique. Je ne me suis pas encore fixée de rythme car je sais par expérience que tout le processus pour une seule lettre peut me prendre toute une journée. Ce serait comme une trêve de 100 jours, du temps volé au temps. Ça me fait quelque chose d'y penser, de penser à cette Isabelle qui ne sait encore rien et dont je commence à imaginer l'existence. J'ai une lettre en préparation pour Dany Laferrière mais c'est autre chose.

zazA dextÉpistol