vendredi 24 décembre 2010

mercredi 22 décembre 2010

Lettre à Grand-Mère (une histoire brodée de toutes pièces)

L'inconnue de Grand-Mère habite près de la rivière St-Maurice
La grand-mère est une figure centrale de l'enfance. L'une des deux miennes était culottière à Hérisson. Germaine Auclair. Elle cousait les pantalons que Monsieur Vénuat, tailleur du village, lui commandait. Puis, pour combler le temps et étancher sa foi, ma grand-mère était bonne du curé. Ma grand-mère et son mari habitaient rue de l'Enfer. Vous liriez ceci dans un roman que vous pousseriez des Ho et des Han réprobateurs. C'est pourquoi il est bien plus jouissif, parfois, de raconter sa vie que d'en inventer une. Préférable, alors, de fabriquer une vie d'inventions, une vraie vie, aussi réelle qu'inventée. Mes souvenirs de ma grand-mère sont presque toujours reliés à sa machine à coudre Singer qu'elle actionnait avec autant d'application, de force que de frénésie et d'entrain. Les pièces qu'elle confectionnait avaient toute une histoire : Un mariage, un baptème, un enterrement et autour de ces évenements, des gens, des familles, des anecdotes parfois chuchottées en messes basses dans la grande pièce que nous appelions le taudis. Je me mettais alors dans un coin et je l'écoutais. Lorsqu'elle avait terminé de tailler une pièce de tissus j'avais le droit de récupérer certains morceaux. Enfin, lorsqu'elle passait à la planche à repasser j'étais autorisée à monter sur son petit banc de couturière et de m'affubler avec les ramendos de tissus en m'époumonant une histoire de princesse ou de maitresse d'école selon l'humeur et l'inspiration du moment. Lorsqu'il s'agissait d'être une princesse je terminait en fonçant au château. Je montais la pente caillouteuse en tenant mes nippes à deux mains. Là, dans les ruines merveilleuses j'achevais l'épopée près du coffre aux trésors. Je cachais un morceaux de ma parure en formant un voeu magique. C'est cet univers que je vais retrouver les 7, 8 et 9 janvier lors de mon passage à Hérisson dans l'allier au centre exact de la France. C'est cet univers que je porte en moi lorsque mes doigts composent et alignent des mots en phrases. Alors c'est franchement bien évident : L'inconnue que j'ai choisi habite Grand-Mère près de Shawinigan. Et par fidèlité à mes débuts dans ce projet insensé, l'inconnue de Grand-Mère habite au bord de l'eau, près du pont de Grand-Mère qui enjambe la rivière Saint-Maurice. Lettre (à Carmen) suit...

samedi 11 décembre 2010

Alice, Thérèse et Agnès



Bizard, vous avez dit Île-Bizard, tiens comme c'est Isabelle_Bizarre...
Des petits graviers partout dans les rues et moi qui continue mes envois.
Alice, Thérèse et Agnès, habitent dans un centre d'hébergement situé près du pont qui relie l'île Bizard à l'Île de Montréal. Comment je le sais? GoogleMap, évidemment!

J'écris et je me fous dans l'écriture. Et si ce que j'écris plait, alors je surgis, là, sous des yeux. J'ai les bras tendus.









Toute la série d'images :
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zazA

samedi 27 novembre 2010

L'île réelle, l'île rêvée. De Montréal à Anticosti...

Anticosti, l''île rêvée.
Les flocons tombent plus doucement. Les choses sont bordées de blanc. J'entreprends l'écriture de ce billet devant la baie vitrée de mon salon. C'est samedi. D'une île à l'autre, j'écris.
Et un peu à la manière de Dany Laferrière, je dirais qu'il y a l'île réelle et l'île rêvée. Il y a l'île de Montréal et il y a l'île d'Anticosti.
Il fait présence, ce Dany, quand même, hein?! C'est fou, cette puissance d'évocation...?
Écrire c'est surgir doucement.

Je dédie ce billet à Antoine, libraire formidouble

J'ai donc, écrit à Marlène-de-l'île-d'Anticosti comme je revenais du Kouign-Aman. C'est drôle comme être exposée en vitrine peut me faire sortir de mes gonds d'écriture. Je ne sais pas à quoi ça tient. Être en vitrine, voir les gens passer dans la rue, le doux brouhaha de l'échoppe en arrière qui vous fabrique des croissants à faire saliver tout un régiment enrégimé, lire un bon livre devant un grand café au lait, discuter de la saison de hockey avec le premier voisin venu, échanger deux mots avec Keeth sur les vieux tubes français de France qu'il fredonne toujours... Va savoir à quoi ça tient. Je n'en sais foutre rien. Ça arrive. Je m'attable devant les vitres du café vers les 7 heures du matin et vling, comme une éruption (mot proche d'un autre, notez bien) ça me vient, ça me pousse dans l'avant bras. Il faut alors que je quitte. C'est plus fort que moi. Je fonce, même, car j'ai des phrases qui me viennent par grappes. Alors je me les ressasse à grandes enjambées jusqu'au coin de ma rue. Je grimpe quatre à quatre les escaliers et je me jette sur la table en bois avec tout mon attirail.

J'arrange mon matériel. Je le dispose. Et en le disposant, les choses se placent tranquillement. Le choix du papier. Sortir l'encre bleue pétant. Bleue comme l'eau qui entoure l'île. Qu'elle soit réelle, qu'elle soit rêvée. Et je me dit Anticosti, comme on crie Terre, Terre, capitaine ô mon capitaine! Alors le poignet régurgite les phrases ressassées. Parfois le poignet dérape sous le coup de l'impulsion. Capitaine Crochet fait des pâtés. Scrouiccchhhh... une feuille... Scrouiccchhhh... une autre. Mais là, non. D'une traite, la feuille de papier zaponnais.
Et là, maintenant, qu'elle est écrite, l'idée du voyage qu'elle va faire. Des mains multiples qui vont la jauger. Va-t-elle se faire refuser le passage parce qu'elle ne respecte pas les normes? Ca m'est déjà arrivé de devoir argumenter avec le Maître-Poste qui voulait, tenez-vous bien, décoller mon timbre afin de le placer à l'endroit désigné par le code des postes!! Groumpff...
J'imagine les envolées d'Oiseaux, le vent sur la grêve qui balaie le sable ou les galets, les longues herbes d'été au-delà des dunes, le cri d'un animal inconnu qui appelle sa dulciné, les lueurs du Port Menier qui scintille au loin quand on est "en mer"... en mer... Écrire cette lettre me transporte. Toutes acceptions du terme confondues. J'ai des transports, comme des élans. Je me sens ici et en même temps ailleurs. Je suis dans l'entre-deux. Entre réel et rêve, au-dessus de la page qui était vide tout à l'heure. Une lettre bleu-de-mer comme un boeing dans le tourbillon de nos vies.


lundi 22 novembre 2010

Quand l'oiseau est couturier, les enveloppes se volatisent

En Namibie, au Cap, Au Kenya, près du Kilimandjaro, l'extraordinaire Oiseau Tisserand (Philetiarus socius) qui est un genre de pinson, suspend ses nids de paille aux branches des arbres.  Il tisse minutieusement son habitat. De tous les oiseaux, il est le plus rafiné. À part l'homme, il est le seul animal à sang chaud à savoir tisser. Avec une patience lémurienne, dans un ballet époustoufflant de battement d'ailes et de cliquetis de coups de bec, il ravaude son nid. Le moineau tisserand d'Afrique tisse son nid d'appartements-maison dans lesquels on trouve 100 à 300 chambres de formes sphériques par en-dedans, chambres-flacons que Louise Bourgeois adorerait certainement. Le tisserand est le plus sociable des oiseaux. Ils construisent en gang pour mieux se protéger des prédateurs.
Ce n'est pas de ma faute, je suis née comme ça.
Ce sont les mâles qui construisent les nids, mais ceux-ci sont des leures pour attirer sa dulcinée. De l'excellence de son tissage dépend son succès auprès de sa comparse. Lorsqu'il tisse, l'oiseau tisserand est pris d'une joie épormyable. Même qu'il bombe le torse à la fin, fier du travail accompli. Tout à son bonheur de coudre sa vie future, il ne sait pas ce qui l'attend.
En effet, Dame Tisserand fait le tour du propriétaire et inspecte la finition, l'état de l'arbre, la qualité des matériaux, leur résistance... "Oh mais il y a trop de vent", semble-t-elle dire encore... Sa tâche à elle est d'être difficile. Les oiseaux tisserand s'établissent de préférence près de l'eau (!) car il s'y trouvent toutes sortes de matériaux pour le tissage de leur nid.
"Vous voyez la beauté de l'ordinaire. Conservez ce talent."
Bon, finalement je n'y tenais plus. J'y ai consacré deux petites heures supplémentaires. L'idée du sac contenant les trois graines de poivres roses ne me satisfaisait pas entièrement. Comme j'aime les phrases que l'on trouve dans les biscuits chinois, j'ai commencé par faire un premier tri de ma collec', puis un sous tri, ect... Ensuite, l'association graine et petit pois (motif que j'affectionne tout particulièrement) s'est faite en un clin d'oeil.
Occupée en ce moment à rédiger ce billet, je m'aperçois, Ô drôle de coïncidence et méandre de l'inconscient, que cette lettre pour Marlène partira pour... l'ïle d'Anticosti. Lieu sauvage par excellence, la nature y est somptueuse, rebelle, folle. Enfin, dans mon imaginaire elle est comme ça. Lequel n'est jamais si loin d'une réalité. Que ce doit être beau, le passage des oiseaux sur l'ïle d'Anticosti...
Ainsi donc la confection de cette prochaine lettre aura pris un temps fou, un temps d'oiseau. Il va falloir maintenant que je prenne un morceau de ma vie pour le coudre-rédiger. Puis penser à l'enveloppe. Au rythme de la confection de cet envoi, j'aurais terminé la lettre pour Marlène d'ici la fin de semaine prochaine!
Ensuite, oh ensuite, il s'agit décrire vers l'Île-Bizard. Alors, au fait.... vous qui me suivez....qui de Alice, Agnès ou Thérèse ai-je choisi pour mon prochain envoi? Suspens... quand tu nous tiens...

Écrire est un jeu d'adresse

dimanche 21 novembre 2010

Rrose Sémavy

Désormais des graines de poivre rose signeront mes envois.
Si l'on me connait on saura que, derrière ce titre, se cache mon amour inconditionnel pour Marcel. Ça ne pouvait pas mieux tomber avec toutes ces histoires de graines montées en poivre devenu Rose pour les bienfaits d'une idée... directrice...(humpf) Voici donc les nouvelles neuves : Je m'étais promis une récompense au terme d'une réécriture de dépôt. Sauf que les méandres de la pensée qui s'écrit en ont voulu autrement. Je n'ai écrit qu'un seul tout petit paragraphe au terme d'une semaine acharnée. Mais si au moins ce paragraphe était bon... Du coup, je n'ai pas fait le grand tralala qui mène à l'envoi complet d'une lettre à la prochaine inconnue. En revanche, je me suis octroyée une petite sortie (que j'ai trouvé encore trop grande tellement la rédaction du dépôt n'avançait pas). Je suis allée au Chaînon, ce magasin de friperie bazar, dont les profits vont à un centre d'hébergement pour femmes. Là, j'ai chiné deux ou trois bricoles, puis je suis allée chercher du papier zaponnais. Au retour, je me suis replongée dans le dépôt, pleine de honte par l'escapade. Mais bon. On est un être humain ou on ne l'est pas.
Enfin.... Au terme de trois bonnes heures d'écriture, j'ai fermé ma boutique Universitante et voilà... je me suis attablée avec tout mon attirail postal, un grain de folie en tête. L'idée de Patsy faisait son chemin... Comme on peut le voir, j'ai pris quelques clichés après un élan couturier digne de ma grand-mère Marguerite. Une fois devant la lucarne et devant le titre à inscrire, je pensais... Rose... Rose... Rrrrose  et à la vie qui va. C'est ainsi que Duchamp me fit signe (cf. Duchamp du signe, pour ceux que ça intéresse). Et puisque c'est de ma vie, dont il s'agit... Rrose Sémavy. Il ne manquerait plus que j'écoute Bireli Lagrene, mais là, j'ai peur d'en perdre quelques-uns dans les méandres de mon pauvre esprit encombré et cahotique (un petit camion avec des hommes en blouse blanche m'attendrait-il en bas que je n'en serait pas surprise).
Un petit Merlot!
De toutes façon j'ai un fond de Merlot fort gouteux qui m'attend s'il fallait que je tente d'oublier toutes mes salades. À la votre, à l'amour et à la création littéraire!

Zed

Aveu

Oui, c'est vrai, je l'avoue... je commets des lettres en séries et j'aime ça.